Protection des petits cétacés

Mis à jour le 25/11/2024

Communiqué de presse

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Sur la base des travaux de l’observatoire Pelagis, Agnès PANNIER-RUNACHER, ministre de la Transition écologique, de l’Energie, du Climat et de la Prévention des risques, et Fabrice LOHER, ministre délégué chargé de la Mer et de la Pêche, présentent les principaux enseignements du bilan de la fermeture de l’activité de pêche début 2024 dans le golfe de Gascogne.

Illustration - Cétacés deux dauphins

©Jean Beaufort

Rappel du contexte

Depuis 2016, d’importants échouages de petits cétacés ont lieu sur les côtes du golfe de Gascogne, notamment pendant la période hivernale. Pour enrayer ce phénomène, des travaux ont été menés en lien avec les scientifiques et les professionnels de la pêche, permettant d’établir un plan d’action de réduction des captures accidentelles.

Dans ce contexte et suite à l’injonction du Conseil d’Etat à prendre des mesures de fermetures tout en renforçant la collecte de données, le Gouvernement a décidé de fermer le golfe de Gascogne pour une durée de 4 semaines en 2024, 2025 et 2026, dans le cadre du plan d’action visant à réduire les captures accidentelles de petits cétacés liées à l’activité des navires de pêche.

Pour renforcer la protection des petits cétacés, le golfe de Gascogne a ainsi été fermé à la pêche pendant 30 jours entre le 22 janvier et le 20 février 2024. Environ 300 navires de plus de 8 mètres utilisant l’un des 6 engins identifiés comme « à risque » (certains chaluts, fileyeurs et senneurs) ont cessé leur activité et ont été contraints de rester à quai.

Pour mesurer l’efficacité de la fermeture au regard de la protection des petits cétacés et établir un bilan consolidé de l’hiver 2023-2024, il a été nécessaire de croiser de multiples sources de données : les données d’échouages de petits cétacés recensés sur les côtes françaises, l’analyse des individus retrouvés pour établir la cause de leur mort, les données de vents pour retracer le parcours des carcasses avant leur échouage et estimer leur lieu de mortalité et leur nombre.

Ce travail minutieux et précis, indispensable à la fiabilité du bilan, a nécessité le recroisement et la vérification de toutes les données disponibles. Le bilan complet des échouages et des mortalités de dauphins communs pendant l’hiver 2023-2024 et pendant la fermeture, établi par l’Observatoire Pelagis (CNRS – La Rochelle Université), est désormais disponible à ce lien : https://www.mer.gouv.fr/cetaces.

 

Les principaux enseignements de ce bilan

•    Les conditions météorologiques de l’hiver 2023-2024, avec des vents d’Ouest dominants, ont permis aux données d’échouages d’être particulièrement représentatives de ce qui s’est réellement passé en mer. En conséquence, les données permettent au bilan d’être concluant . 
•    Les mortalités de petits cétacés dues à des captures accidentelles ont fortement baissé par rapport aux années précédentes, grâce à la fermeture de 4 semaines. Les niveaux de mortalité par capture accidentelle, pour l’hiver 2023-2024, ont été divisés par quatre par rapport à la moyenne des années précédentes et sont revenus à des niveaux observés avant 2016, année d’apparition des fortes mortalités.

En effet, à partir des données d’échouages, l’Observatoire Pelagis estime les mortalités par captures accidentelles de dauphin commun, grâce à un modèle de dérive inverse. Cet hiver le Réseau National d’Echouage a constaté 624 échouages de dauphin commun sur les côtes françaises Atlantique et Manche, dont 176 avec des traces d’engins de pêche.  A partir notamment de ces données, l’Observatoire Pelagis a établi une estimation totale de 1 450 dauphins communs morts par capture accidentelle entre le 1er décembre 2023 et le 31 mars 2024, pour la façade Atlantique et la zone Manche-Ouest. En comparaison, pour la même zone et la même période, la moyenne annuelle de dauphins communs morts en mer par capture se montait à 6 100 individus entre 2017 et 2023.

Ce bilan montre que la fermeture spatio-temporelle de quatre semaines a incontestablement permis de protéger les espèces de petits cétacés du risque de capture accidentelle par engin de pêche. Plusieurs autres facteurs ont pu également contribuer à l’ampleur de cette baisse, notamment les dispositifs techniques  de réduction des captures accidentelles en cours d’expérimentation à grande échelle, déjà déployés pour certains navires lors de l’hiver 2023-2024.

Pour confirmer l’efficacité de la fermeture du golfe de Gascogne, il sera important d’analyser les données de mortalité qui seront observées lors des deux hivers à venir, en reproduisant les mêmes conditions de fermeture, en termes de dates, durée, zone fermée et types d’engins arrêtés. Par ailleurs, il sera nécessaire de poursuivre le déploiement du plan d’action pour confirmer l’efficacité des dispositifs techniques de réduction de captures en cours d’expérimentation.

La fermeture a néanmoins eu un impact socio-économique significatif sur la filière. En 2024, les volumes débarqués dans les halles à marée du golfe de Gascogne sur la période de fermeture ont été largement inférieurs aux volumes débarqués en 2022 et en 2023. Ces effets se sont également répercutés sur l’ensemble de la filière avec une perte de chiffre d’affaires totale estimée à plus de 30 millions d’euros . Face à ces impacts, le Gouvernement a mobilisé des dispositifs d’aide en faveur des professionnels.  

 

Le Gouvernement rappelle ainsi que la fermeture de la pêche dans le golfe de Gascogne n’est pas une solution de long-terme et que son objectif est de parvenir à la réouverture de la pêche dès 2027. 


Pour parvenir à cet objectif, les services de l’Etat et le Gouvernement sont pleinement mobilisés pour accompagner les professionnels de la pêche dans la mise en œuvre du plan d’action cétacés . 


Concrètement cette mise en œuvre passe par l’équipement des navires en dispositifs d’effarouchement (« pingers ») et en caméras, qui concerneront un échantillon de navires. Ces mesures doivent permettre de concilier l’activité de pêche et la préservation des espèces protégées.